Neyran et les Mattes de Paladon


Les mattes de Paladon abritent des terres argileuses gagnées sur l’Estuaire de la Girondeles polders. Ces terrains, très plats, sont situés en bordure de l’estuaire de la Gironde. La digue côtière constitue l’unique point de vue permettant d’appréhender l’ensemble de la palette paysagère du site.


Ce sont de grands espaces cultivés, les mattes, avec des parcelles larges qui se succèdent, dégageant des perspectives très lointaines mais systématiquement fermées par la digue côtière. Les motifs verticaux (arbres isolés, bosquets…) prennent une grande importance dans cette entité marquée par une forte horizontalité. Les zones de cultures sont parcourues de fossés de drainage ajoutant encore à la géométrie du lieu.

 

Les palus ou prairies humides quant à elles, alternent talus et dépressions humides quelquefois structurés par des haies de tamaris. Tantôt embroussaillées, tantôt pâturées, ce sont des zones plus favorables à la biodiversité.

Le site des mattes de Paladon joue un rôle essentiel dans l’accueil d’oiseaux lors des haltes migratoires durant les périodes printanières et automnales, ainsi qu’en hivernage. Ces qualités proviennent en particulier du contexte géographique (proximité de la pointe de Grave) ainsi que du maintien d’un système bocager. Les nombreuses mares situées dans le site, creusées par l'impact d'obus lors de la seconde guerre mondiale, abritent plusieurs espèces d’amphibiens  comme le Triton marbré et le Pélodyte ponctué.


Le marais de Neyran, zone conchylicole, est caractérisé par de grands bassins saumâtres entre lesquels se trouvent des bossis principalement occupés par des arbustes.

 

 

Sur les secteurs en jachère et le long de la digue estuarienne, 5 espèces d’orchidées se développent dont la rare Ophrys de la passion (Ophrys passionis), voir photo ci-contre. Cette orchidée aime les milieux secs et bien ensoleillés. Son nom fait référence à la fête de Pâques, époque de sa floraison.

Agriculture et gestion environnementale

En 2011, le Conservatoire du Littoral, établissement public ayant pour objectif l’achat de terres en vue de les soustraire à l’urbanisation, a délégué la gestion de ses terrains situés à Soulac-sur-mer et à Talais au CPIE Médoc. Ces terrains, constitués de bassins conchylicoles, de cultures et de prairies, font l’objet d’un plan de gestion que le CPIE est chargé de mettre en œuvre sur le terrain et qui doit concilier la nature des activités sur le site (cultures principalement) et les enjeux en termes de préservation de la biodiversité. Outre une participation active aux  groupes de travail nécessaires à la rédaction du plan de gestion, le CPIE anime depuis 2014 des réunions de réflexion sur les capacités d’évolution des activités céréalières sur les terrains du Conservatoire, réinstaure un lien avec les chasseurs sur ce territoire et relance avec le Conservatoire, aux travers d’ambitieux travaux de restauration (marais et prairies) des activités douces comme la conchyliculture ou le pâturage.
Malgré une première étape difficile, la présence de gardes du littoral (agents assermentés et qualifiés en matière de police de l’environnement), permet aujourd’hui de pérenniser ce dialogue permanent, de sensibiliser aux enjeux de préservation de ce territoire usagers et décideurs et d’assurer un respect des règles d’une utilisation raisonnée des espaces publics.